31/03/2024

La Vélocio

Le moment était attendu depuis deux ans ! Albano, Daniel, les deux Franck et Philippe s'attaquent à la Vélocio ce vendredi 29 mars. Trois accompagnateurs sont à leurs côtés : Lysiane, Michèle avec chacune leur camping-car, et Yves qui suivra les vélos (en voiture) autant que possible.

L'objectif : 475 km en 24 heures.

Les deux camping-cars, Daniel, Franck, Lysiane et Michèle sont arrivés au départ de Nevers la veille. Albano, Franck, Philippe et Yves ont quitté Dreux le jour J à 6h30, et tout le monde s'est retrouvé sur le Quai de la Jonction à 10 heures pétantes.

On est tout de suite dans le bain... il pleut ! Il faut tout de même se préparer et se diriger ensuite vers le départ, sur la place Mossé, où un dernier petit café sera pris, au sec.

Habillage sous la pluie

Albano et Franck se mettent un peu à l'abri dans le camping-car présidentiel

Mais il faudra bien aller dehors à un moment ou un autre



Dernière boisson chaude au sec

Tout le monde sourit, enfin... presque.

Et c'est l'heure du départ. Une dernière photo officielle pour la postérité et la troupe s'élance sur le pont de Loire. Tous les jaunes sont partis sans attendre Franck qui est en rouge.




Deux sont déjà sur le pont, deux autres encore au rond-point.

Franck a déjà au moins 30 mètres de retard sur ses équipiers.

Il ne fait pas très chaud, mais au moins il ne fait pas très froid et, s'il pleut gentiment, le vent est plutôt modéré. Nos champions s'en contentent. Bientôt, au km 49, les cinq fous entrent dans l'Allier (d'où la célèbre expression). Il est 13 heures. C'est aussi le moment de faire une première pause technique.

La pancarte "Bienvenue dans l'Allier"

Petit arrêt technique. La pluie s'est calmée, on peut se changer.

Déjà, quelques petites montées apparaissent. Et dans le même temps, le vent commence à prendre confiance et ajoute de la vigueur à son souffle, avec la bonne idée de venir du Sud alors que nos cyclos pédalent eux vers le Sud. Néanmoins, un cinémomètre précis les a surpris à 13h15 en train de rouler à 27 km/h alors qu'ils n'ont fait que 55 km et qu'il leur en reste donc à peine 420.

A 14 heures, ils attaquent une sympathique côte à Dompierre sur Bestre. On arrive alors au 80ème kilomètre et Albano n'hésite pas à crier "PANCARTE" en passant devant le cameraman médusé.

Si le vent commence à devenir pénible, la troupe continue son bonhomme de chemin et arrive à Saligny, point du premier pointage. Yves est parti devant pour trouver un commerce ouvert afin que les cartes de la Flèche Vélocio puissent être tamponnées. Petit village, très peu de commerces... en sortant de la trace du parcours, on trouve un salon de coiffure et comme il est 14h02, il est ouvert. Nous voilà sauvés ! Daniel fait tamponner les 5 cartons par la charmante coiffeuse puis une rapide petite collation est expédiée. Le secrétaire a apporté dans ses bagages des gâteaux de riz et un superbe café, non moins qualifié de dégueulasse par Fifi qui n'a peut-être pas tort.

Le blason de Saligny sur Roudon

Le salon de coiffure était le seul commerce


Les cyclos reprennent le parcours pour attaquer les 387 km restants. Pour ce qui est de la pluie, ça semble être terminé, ça donne la pêche. Mais on voit bien déjà que l'on est limite au niveau du temps (chronométrique). Certes on ne fait pas la course, mais pour réussir la Flèche Vélocio, il faut parcourir la distance dans les 24 heures. Le roadbook visait un passage à Saligny entre 14h15 et 14h45. On est dedans, mais plus près du 45 que du 15. Ca risque d'être chaud si le vent ne se calme pas. Ou alors il faudrait qu'il ait la bonne idée de changer de sens... Alors autant vous le dire tout de suite, il ne se calmera pas et il ne tournera pas. Voilà !

Un peu plus loin, à 16h41, le COV Cyclo passe à Melay. Notre photographe fige sur la pellicule chacun des membres de l'équipe, un à un. Vous constatez que la route est relativement sèche, ce qui est une bonne chose. Vous constaterez tout autant que les sourires sont eux aussi relatifs, et se rapprochent un peu plus de la grimace, ce qui est une moins bonne chose...
Melay, 132 km. 5h40 de pédalage. Reste 343 km.

Ca devient difficile. Le vent est épuisant. Alors c'est vrai, quand on fait une petite rando de 100 ou 200 kilomètres, on s'accroche car on voit le bout. Mais quand vous luttez contre ce vent de face en sachant qu'il vous reste encore au moins 300 bornes, ça devient impossible. Et c'est ce qui est arrivé à Franck Fifi. Au bout de 167 kilomètres il est épuisé et a parfaitement compris qu'il sera impossible d'arriver à Pernes les Fontaines. Il décide de monter dans la voiture. Au moins, il ne risquera pas de ralentir le groupe.

Moment crucial pendant cette randonnée à 18h50. Les deux directrices sportives ont installé leurs véhicules à Tournon sur Rhône où elles passeront la nuit, en attendant l'arrivée des cyclos prévue entre 1h00 et 1h30. Mais avant ça, c'est l'heure de l'apéro !

Lysiane et Michèle sont à leur poste, prêtes à agir.

Pendant ce temps, Franck et Yves sont partis en éclaireurs sur le deuxième lieu de pointage à Saint Germain Laval. Il ne faut pas traîner, car il faut trouver un lieu pour manger quelque chose de sérieux, assis et confortable, et ce n'est qu'à une vingtaine de kilomètres.

Un petit tour vite fait dans le bled... c'est pas gagné ! Il y a un restaurant... le service risquerait d'être trop long, il ne faut pas y passer des heures. On entre quand même pour se renseigner. Bonjour monsieur, on pourrait manger ? Réponse d'un ton plutôt surprenant : "Non". Ah bon, excusez moi, c'est parce que j'ai vu le panneau "entrée du restaurant", alors je suis entré. En sortant, Yves dit à Franck, parlant volontairement un peu fort :"Finalement c'est mieux que ce soit fermé, parce que c'est pas sympa ici".

Bon, c'est amusant mais il faut à tout prix trouver un lieu où se restaurer. Une épicerie est ouverte, on demande à la serveuse, très gentille elle. Elle nous explique l'emplacement d'une pizzeria qui serait peut-être ouverte mais c'est pas sûr... en tout cas il n'y a rien d'autre ici. Nous allons voir et, euréka!!!, c'est ouvert... mais c'est complet ! On explique rapido le topo, des mecs à vélos qui roulent etc... Ca devient alors possible mais il faut qu'ils fassent place libre à 20h15. Petit calcul vite fait... il est 19h35... il doit leur rester 10 bornes mais il y a de la descente... ça passe. Fifi reste à la pizzeria pour commander les pizzas, Yves va à la rencontre des vélos pour les guider au plus vite dès qu'ils arriveront.

19h35. Fifi va passer la commande

19h53. Les voilà ! Prenez la petite route à droite !

19h58. On attend les pizzas.

20h05. Bon appétit !


Nous quitterons les lieux à 19h37. Les personnes qui avaient réservé arrivaient tout juste. C'était serré mais c'était bien et très sympa. Et le patron nous a beaucoup amusés lorsqu'il a dit que le terminal de paiement par carte bleue ne fonctionnait pas et qu'il fallait régler en espèces. On a ri ! On a ri !!!

20h42. Daniel, Philippe, Franck et Albano reprennent la route.

Nous sommes à 65 km de Saint Etienne, le prochain site de pointage. Jugeant que c'est pénible pour les cyclos d'être collés par une bagnole, les deux suiveurs y vont directement sans les attendre, et en profitent pour prendre un petit pot dans le centre ville. De toute façon, les téléphones sont allumés, prêts à répondre à un éventuel appel pour quel que problème que ce soit. Et des problèmes il va y en avoir !

Saint Etienne

Franck et Yves trouvent ce lieu très confortable et pensent beaucoup aux pédaleurs.

Après ce petit moment de détente, ils décident de monter tout de suite au sommet du col de la République pour y garer la voiture. Là-haut, ils essaieront de dormir un peu en attendant l'arrivée des grimpeurs.

La Stèle de Paul de Vivie, au sommet du col de la République

Le col de la République. A peine plus de 12 km pour quasiment 700m de dénivelé

Pour information, notez qu'avant de grimper ce petit col, nos cyclos ont dû avaler une autre belle petite douceur que vous distinguez ci-dessous, juste avant le symbole du pointage de Saint Etienne. Il y a donc de belles chances pour arriver au pied du col de la République légèrement cramé.  Heureusement, la satisfaction viendra au sommet, quand on constatera qu'il ne restera plus que 200 km à faire...

Si vous ne l'avez pas compris, le vent est de plus en plus fort. Les bourrasques deviennent saignantes, les rafales meurtrières. On entre franchement dans le dur. La traversée de Saint Etienne est difficile. Il y a beaucoup de grimpettes dans cette ville des verts, et des pas mûres pour tout vous dire. Le pointage est enfin fait, c'est le 254ème kilomètre. Il suffit simplement de sortir de la ville, et on peut maintenant attaquer le morceau. Mais ce vent ! Ce vent !

Là-haut, Franck et Yves n'arrivent pas à dormir. On croit entendre des hélicoptères qui survolent la voiture, mais ce sont tout bêtement des rafales de vent ! Alors ils discutent, passent en revue les belles options de la voiture du secrétaire. Ils essaient aussi de calculer l'heure à laquelle les vélos vont les rejoindre. Estimant que ces derniers ont dû commencer la montée, ils partent à leur rencontre. Il est 1h40. La voiture est secouée par les bourrasques. Ouf ! Pas de pluie, mais il y a des feuillages, parfois des branchages sur la route.

L'avait-on pressenti ?... Mais à 1h44, alors que la voiture descend prudemment, le téléphone sonne... Albano demande à ce qu'on vienne le chercher. Et plus on descend, plus on se dit que les conditions sont énormes. On retrouve le roi de la pancarte au début de la montée. Pour lui ça sera 257 km. Dans ce vent c'est déjà beau. Il nous racontera qu'il est tombé. Il a été obligé de descendre de vélo à cause des bourrasques, et en voulant repartir, cherchant à recaler sa chaussure, il s'en est pris une autre qui l'a foutu par terre.

Nous remontons au sommet, encourageant au passage Franck, puis Philippe, puis Daniel. Tiens c'est bizarre dit-on. Philippe n'est pas si loin de Daniel, 50 à 60 mètres. La vache ! Ils sont costauds quand même.
Albano boit un coup (pas de café, il est dégueulasse !), mais un peu de coca, une banane... tout va bien. Il n'a aucun regret d'abandonner. C'était impossible de finir.

Le téléphone sonne de nouveau à 2h40. Très poliment, Franck s'excuse d'exagérer mais demande qu'on aille le chercher. C'est vrai qu'il abuse ! On vient déjà de se faire 2 fois la montée, et ça va faire 3 avec celle-là ! Problème différent pour le président. Lui aussi il a dû descendre de vélo à cause des rafales. Eh bien même en marchant avec le vélo à côté de lui, le vent à réussi à le foutre par terre ! Il arrête la plaisanterie 8 kilomètres plus loin qu'Albano, au 265ème.

Enfin, c'est pas pour dire, mais une heure entre les deux coups de fil, ça fait une heure pour faire huit bornes... c'est pas terrible je trouve. Et hop ! En remontant, un petit coucou à Philippe puis Daniel. On remarque que l'écart de tout à l'heure n'a pas bougé. En une heure, on se serait attendu à ce que Daniel ait gratté quelques bonnes centaines de mètres. Alors soit on a été mauvaises langues avec Philippe, soit Daniel coince. Eh bien nous apprendrons le fin mot de l'affaire : par deux fois, Daniel s'est pris des rafales (parce que je ne sais pas si je vous ai dit que ça soufflait), des rafales donc, qui lui ont fait faire demi-tour. Vous me direz, il fait toujours ça dans les côtes quand il redescend chercher ceux qui ont du mal à grimper. Pas bête. Au lieu de tomber, tu n'as qu'à tourner le guidon dans le sens où ça pousse.

En revanche, pas de problèmes pour Philippe qui a simplement failli se faire foutre dans la bordure une dizaine de fois, mais rien de bien méchant...

La voiture remonte tout son petit monde devant la stèle Velocio. Petite collation, et on attend les deux traînards. Heureusement qu'ils n'ont pas téléphoné parce qu'il n'y a plus de places disponible sur le porte-vélos. Les voici qui arrivent au sommet. Philippe prend un petit quelque chose à manger (pas de café...), Daniel ne prend rien. Nous les laissons à leur triste sort. Il reste 57 kilomètres pour rejoindre les camping-cars, mais avec une belle descente.

Cette descente était très compliquée. Impossible de foncer comme on aime le faire, la tête dans le guidon. Il fallait avant tout éviter la chute. Sous la voiture, les branches sur lesquelles on roulait claquaient dans le bas de caisse. A 3h12 Michèle appelle pour dire qu'en bas c'est une tempête de malade. On décide alors de ramener Franck et Albano aux camping-cars, et on retournera illico presto à la rencontre de Daniel et Philippe pour les accompagner... ou les embarquer.

Une fois les deux casse-cous rejoints, on leur pose la question inutile et n'obtenons pour toute réponse que : Non non ! On continue jusqu'au bout... enfin, jusqu'à Tournon. Ah ben, on a de la chance, ils veulent bien arrêter là et ne pas aller jusqu'à Pernes les Fontaines. Remarque c'est vrai, il n'y aurait jamais que seulement 150 bornes de plus à faire. Mais le règlement de la Velocio impose de finir au minimum à trois. Il est donc inutile de pousser le bouchon encore plus loin.

L'épopée s'arrêtera donc ici, au bout de 327 kilomètres. On ne connaît pas encore tous les résultats, mais beaucoup d'équipes ont également abandonné en parlant d'un réel danger.

Du coup, la nuit à passer à Avignon a été annulée. Si le temps avait tourné au beau, on y serait allés pour se balader, voire aller faire un petit tour sur le Ventoux. Mais la météo est restée figée sur un temps pourri. La voiture est rentrée à Dreux. Comme il n'était déjà pas loin de 5 heures du mat (le temps passe vite quand on s'amuse), départ à 7h30, arrêt ravito sur l'autoroute à midi trente, et arrivée à Dreux.




Belle surprise à l'arrivée en Eure et Loir. Le ciel était dégagé. Sinon, de la flotte  sur quasiment toute la route. Quoi qu'il en soit, bravo à nos champions. Ils ont fait une belle séance d'entraînement pour la Vélocio 2025.

Avec un grand merci à Paul !

Vous pouvez voir le film de la Velocio en allant dans la page
"Les Films du COV"



1 commentaire:

Franck Guédon a dit…

On s'y croirait, :-)

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